Absolument la vie – Etienne Barilier – Labor et Fides

On est aussitôt frappé par le style, la haute élégance du style : nerveux, conduit, économe ; allègre s’il ne s’agissait de pleurer. Le style d’une conversation brillante qu’il faut prolonger à tout prix, l’écho d’une voix qu’il est vital de faire remonter, le verbe invoqué patiemment pour être sûr d’avoir tenu parole.
Le lecteur d’Etienne Barilier y retrouve un univers familier où pudeur, concision, franchise tiennent lieu d’art de vivre. Car en ce texte mesuré la vie exerce ses pleins droits et opère une reconquête. Stèle ? Tombeau ? L’évocation de celle qui était – et n’est plus – n’est jamais figée dans le marbre, ni vouée à la vaine réminiscence. Nul lyrisme, nul hiératisme. Pas plus de complaisance.
Qui fut cette épouse, cette amie, cette confidente ? Etienne Barilier la situe en un procès avec son père, sa mère, ce Dieu qui à lui ne s’est pas révélé, les auteurs qui l’ont rejoint, éclairé, propulsé. Et la voici qui se dessine : toujours intelligente, profondément croyante, posant sur autrui et sur le monde un œil perçant, et absolument aimante.
Barilier réécrit-il l’échange de Prague, l’impossible médiation entre deux êtres, Barilier réécrit-il Orphée ? Il les transcende et rend le plus bel hommage à sa femme défunte : celui de l’honnête homme.
La foi impossible, l’avenir aboli. Reste l’amour. Une déclaration d’amour reçu.

Jean-Daniel Rousseil