Arrêtée au feu rouge

Tu viens d’un pays où on porte des foulards sur la tête et je m’aperçois que tu es en route… Te mets-tu en route pour un ailleurs, peut-être inconnu de toi, ou attends-tu simplement le bus pour rentrer chez toi après une journée harassante ?
Puis, je vois ces quelques brindilles de lilas, négligemment tenues par une main qui se cache au creux de ton coude…Les as-tu cueillies pour les offrir ou est-ce un petit cadeau que quelqu’un t’a fait ?
Ce qui m’impressionne le plus chez toi c’est l’expression de ton visage, anguleux et déterminé, d’une femme entre deux âges. Tu as déjà tout vu, tout supporté, tout intériorisé. Ton regard, posé dans le vague, me parle du roman de ta vie. Il y a de la fierté, de la force, oui, mais de la méfiance, aussi. « On te la fait plus, celle-là. »
Femme, j’aimerais que, de quelque part, te vienne la confiance, que tes bras se délient, que tes yeux aient envie de se poser sur quelqu’un, et que les lilas dans ta main te fassent fleurir, toi aussi….
Eh oui, pardon, c’est vert maintenant !

Christine Egger