Désaffection. Tel est le meilleur synonyme de vacances ou plutôt de vacance. Désaffection de toutes ces capacités sollicitées par le travail, par la pourtant rassurante routine des jours, par le vertueux souci de bien faire.
La paronymie avec désinfection est tentante. Faire, par le vide, ses ablutions mentales. Laisser le repos prendre ses droits. Laisser la fatigue sourdre, surgir, submerger et refluer peu à peu. Céder léger à l’hédonisme, se pardonner un peu d’égoïsme, troquer le bien faire contre le bien-être du farniente. La loi de l’été, du luxe des villégiatures, du comblement que procure une boisson fraîche sous le soleil silencieux, des retrouvailles qui frémissent au fond d’une prière reprise après longtemps.
Désaffection est-il désamour ? Doit-on subitement détester ce qu’on a laissé derrière soi, ce que l’on tient éloigné pour un temps ? Ne serait-ce pas l’exact contraire ? Mettre à distance pour désirer à nouveau, pour redécouvrir par l’ennui le goût, l’amour que l’on éprouve pour les êtres et les choses du quotidien ordinaire ?
C’est peut-être pour cela que la vacance exige un peu de courage: il faut oser s’écarter pour aspirer à se rapprocher et reprendre de plus belle. La vacance ouvre un vide où toute notre vie peut se redéployer, se réaménager, se reconfigurer. La vacance, la retraite, la refonte. Dieu nous veut en vacance, sinon où irait-il loger ?