La vraie invention du scalpel est intervenue lorsqu’on a découvert, à force d’expérimentation, des alliages métalliques qui garantissaient, grâce à un fil des plus fin, non seulement la précision mais aussi l’asepsie. Ce n’est pas le moindre motif de l’admiration que Denis Diderot vouait à son père, maître-coutelier à Langres. Les découvertes de ce dernier eussent-elles été propagées plus vite vers l’Allemagne que nous savourerions d’autres cantates de Jean-Sébastien Bach, péri d’une infection après avoir été opéré de la cataracte.
Qui n’a pas pesté contre une lame émoussée ! Contre une paire de ciseaux qui plie le papier, froisse le tissu au lieu de le trancher bien net. Et qui ne s’est pas délecté, nous sommes-nous dit, d’un texte bien envoyé malgré sa brièveté ?
C’est le parti qui se dessine pour la version « papier » de notre revue. Ramener le volume trimestriel de 48 pages à 40 ! Sans doute, bien sûr une manière de nous profiler dans notre quatrième décennie ! Peut-être aussi une nostalgie des origines puisqu’en 1992 les premiers numéros d’Itinéraires comptaient une trentaine de pages. Mais c’est évidemment une façon de contenir les coûts tout en pérennisant la vie de cette revue que nous savons attendue avec impatience. Et sans toucher aux tarifs.
Notre ambition est de nous affûter, d’aiguiser le tranchant de nos textes, d’accroître leur pouvoir de pénétration. Et de lutter un peu contre l’overdose d’information de toutes sortes que chacun de nous subit dans ce monde hypermédiatisé. Contre la logorrhée, une parole faite d’un alliage de brièveté et de silence. A l’image de la Parole ?