Le Concile de Nicée est l’aboutissement de plusieurs réalités :
- Le texte tel que nous le connaissons aujourd’hui comme Confession de foi de Nicée (325) a peut-être été réellement composé par des participants présents au Concile de Nicée.
- Le texte semble se baser sur des formulations de confessions de foi antérieures.
- Les représentants à ce concile provenaient surtout de l’Empire d’Orient, mais aussi de l’Empire d’Occident. Nicée est donc un concile œcuménique, voulant réunir les représentants de toutes les communautés chrétiennes.
- Convoqué par Constantin le Grand (env. 285 – 337) qui n’avait pas seulement fait de la religion chrétienne une ‘religio licita’, le Concile voulait aussi unifier les communautés chrétiennes qui représentaient une variété considérable du point de vue dogmatique et liturgique. Que l’Empereur ait aspiré à cette plus grande cohésion pour affermir son pouvoir politique est plausible.
La question cruciale de ce concile et de sa confession de foi était celle de la véritable divinité de Jésus par rapport à sa vraie humanité. Les Pères du concile ont mis en lumière les affirmations assurant la divinité du Christ Jésus, ce qui nous permet aujourd’hui de nous sentir concernés et portés par ce Christ, vrai homme, mais également vrai Dieu. Cette prise de conscience concernant Jésus le Christ est fondamentale pour nous aujourd’hui autant que pour ceux qui, au 4ème siècle, combattaient les assertions du théologien Arius (mort en 335 env.).
Le fait d’affirmer que ce même Christ est co-créateur avec Dieu le Père de tout ce qui existe est également fondamental. Dans la perspective de cette confession de foi, tout dualisme entre le Christ et le monde devient alors caduc ! Celui qui assure le lien entre Christ et l’être humain dans la création est l’Esprit saint. Voilà pourquoi la dernière et très courte affirmation de cette confession de foi a aussi une valeur fondamentale.
Cette affirmation sera davantage élaborée dans la Confession de Nicée-Constantinople (381) et aura ainsi des conséquences inouïes dans les Eglises d’Orient. Ce sont elles qui sauront mettre en valeur le lien entre l’Esprit saint et toute la création. L’Esprit saint est ainsi celui qui continuellement actualise la relation de Dieu le Père et de son Fils, co-créateur et sauveur, avec l’ensemble de la création.
Martin Hauser, pasteur, professeur aux universités de Fribourg et de Bucarest
NB: Un extrait de ce texte a paru dans Itinéraires numéro 129
Indications bibliographiques – études choisies d’une période florissante de l’oecuménisme inter-institutionnel entre orthodoxes, catholiques et protestants – pour aider à comprendre, approfondir et mettre en perspective le texte de cette confession de foi :
Kelly, J.N.D. (1983) : ‘The Nicene Creed : A Turning Point’. Cambridge, Scottish Journal of Theology 36, pp. 29-39.
Drobner, H.R. (1994/99) : ‘Les Pères de l’Eglise. Sept siècles de littérature chrétienne’. Cahors, pp. 262 ss., 309 ss.
Dictionnaire encyclopédique du christianisme ancien, tome 1 (1983/90) :
‘Confessions et symboles de foi’. Tournai, pp. 531 ss.
Dictionnaire encyclopédique du christianisme ancien, tome 2 (1983/90) :
‘Nicée’. Tournai, pp. 1744 ss.
Hauser, M. (1986) : ‘Le Christ et la Création dans l’Evangile selon saint Jean’ (thèse de doctorat).
CCEE et CEE (1985) : ‘Confesser ensemble notre foi : Source d’espérance’
– Rapport de la Troisième Rencontre oecuménique européenne,
3 – 8 octobre 1984, Riva del Garda, Italie. Genève et Saint-Gall.
CEE (1982) : ‘Le Soupir de la Création’ – Rapport d’un colloque de la Conférence des Eglises européennes du 22 au 26 mars 1982, Bucarest, Roumanie. Genève.