Et si cette fameuse exclamation de Rimbaud allait s’inverser ? Si l’orbe des temps n’avait pas assez tourné (ou trop) pour que les clercs, débordés, déclassés par l’IA cédent le pas devant le retour du paysan, de l’artisan, du façonneur ?
C’est en tous cas ce que certains prédisent ! Collapsisme ? Prophètes de l’effondrement ? Voire ! La « Petite Poucette » de Michel Serres n’en a-t-elle pas assez de tout faire de ses deux pouces sur son écran miniature ? Ne s’inscrit-elle pas dans des ateliers de poterie, de tissage, de jardinage ?
Nostalgie ou geste de survie ? Que dit ce retour au geste, à l’adresse, à la volupté de pétrir ? Jeu de mains, jeu de vilains ? S’agit-il d’une régression majeure, d’un élan puéril vers le primitif ? Ou pressent-on que rien ne s’est édifié, rien n’est né sans que la main ne progresse, ne caresse ?
En voilà des questions ! Ne nous les sommes-nous pas déjà posées devant le Crucifié ? Ses mains que l’on a voulu figer, anéantir, démanteler et que l’on a consacrées pour de bon dans une large et douloureuse bénédiction ?
Mains d’automne qui s’occupent de ce que l’été a donné: battage, vannage, cueillettes, compotes, confitures, conserves. Souci de l’avenir, science des transformations, sagesse d’avant l’hiver.
Relire Rimbaud, relire les récits de la passion, relire les anciens almanachs. Reprendre l’outil, reprendre la plume, joindre les mains.
Prendre aujourd’hui à deux mains !