Il faut avoir la plume agile pour mêler romance et thriller dans un ouvrage de science-fiction ! C’est le défi que relève avec brio Sioux Berger, journaliste française et militante écologiste dans un joli roman intitulé Les Pentes.
On s’en doute, ce récit promeut un manifeste : l’humanité court à la stérilité. Mais la trajectoire de Sofia qui fuit Paris et rejoint ses grands-parents dans un village isolé d’irréductibles protestataires, tout comme la lente « conversion » d’Antoine aux acquis de ces gens qui se tiennent à l’écart du courant (électrique, bien sûr), sont très habilement tracées. Et le dénouement surprend au terme d’un suspense adroitement ficelé.
Il faut dire que l’enjeu est de taille : le service de la fertilité nationale est à court de gamètes et cherche à poser sa griffe sur ces hors-la-voie qui se montrent encore capables de donner la vie. Sioux Berger détaille à la fois une machination administrative sans scrupule et la nostalgie illimitée que l’on pourrait nommer le désir d’enfant.
Le texte renvoie évidemment à notre temps, à la manière dont les campagnes se couvrent d’aérogénérateurs et autres parcs photovoltaïques, par-dessus les lois, par-dessus les gens.
L’auteur s’expliquait voici quelques semaines à l’Agrilogie de Moudon. Elle était épaulée par un paysan breton qui a renoncé à l’élevage parce que ses bêtes étaient perturbées par des courants vagabonds.
Sioux Berger fait son possible pour qu’en l’occurrence l’avenir de la vache ne soit pas le nôtre.
Jean-Daniel Rousseil