Ne pas dire ou dire ? N° 128

En matière de religion, le Vaudois est réputé taiseux !
Prudence, indifférence, veulerie ou modestie ? Car nommer Dieu, lui associer des
attributs, des qualités (ou des défauts), n’est-ce pas s’aventurer au-delà des limites que le
doute (donc le seuil de tolérance) d’autrui nous impose ? Tel est le défi de la religion, tel est
le défi du débat religieux.
Mais n’est-ce pas priver, sous prétexte de discrétion et de bienveillance, le Très-haut
des honneurs qui lui sont dus ? Tel est le centre de la question. Et pour y répondre, il s’agit
de s’accorder sur ce qui nous est demandé : culte et louange assurément, service engagé
certainement, nouvelle vision de soi et d’autrui !
Car dire Dieu ne va pas sans dire le monde qui nous entoure, sans nous comprendre à
neuf, sans réinventer un langage vivant, souple créateur. Dire Dieu ne va pas non plus sans
renoncer au double droit d’avoir raison tout seul et d’adopter la raison du plus fort et du
plus nombreux.
L’essentiel est de savoir que ce qui pourrait ainsi procurer un système de valeurs de plus
est en fait un acte relationnel avec ce Dieu qui, le premier, est parole, verbe fait chair. Dire
Dieu relève de la responsabilité de dire le monde, d’accepter de le construire en toute
modestie et en toute conviction. En toute relation.
Sinon, soupire le Vaudois, autant se taire !

Quant à lui, Dieu dit « Jésus ».
Joyeux Noël !

Jean-Daniel Rousseil