Une histoire qui change l’Histoire

Je voudrais te raconter une histoire
Non pas une histoire sans queue ni tête
Ni une histoire triste car il y en a déjà trop
Ni même une histoire sans fin

L’histoire que j’aimerais te raconter
Commencerait à l’aube d’un jour nouveau
Où les ennemis d’hier déposeraient les armes
Sans chercher ni vainqueur ni vaincu
Mettant aujourd’hui toute leur énergie
A reconnaître ensemble
Les fausses routes et les paroles mensongères
A rétablir la paix et la justice
A replanter des arbres et rebâtir des maisons
A labourer et ensemencer des champs

Je veux te raconter une histoire qui change l’Histoire
Qui ouvre les yeux des aveugles et les oreilles des sourds
Qui fait tomber les peurs et les préjugés
Écartant les abus de pouvoir et les identités meurtrières

Cette histoire n’est pas un rêve
Elle est la promesse d’une histoire vraie
Qui n’attend que des cœurs pour l’accueillir
Des mains pour la réaliser
Des bouches pour la chanter
Toi et moi pour entrer dans la danse.

Ce texte m’a été inspiré par ce conte rapporté par Martin Buber dans Les récits hassidiques (tome 1)

Un jour qu’on demandait à un Rabbi (dont le grand-père avait été le disciple du Baal-
Shem) de raconter une histoire, il répondit :
« Une histoire, il faut qu’on la raconte de telle sorte qu’elle agisse et soit un secours en elle-même ».

Puis il fit ce récit :

« Mon grand-père était paralysé. Comme on lui avait demandé de raconter quelque chose de son Maître, il se prit à relater comment le Baal-
Shem, lorsqu’il priait, sautillait et dansait sur place. Et pour bien montrer comment le Maître le faisait, mon grand-père, tout en racontant, se mit debout, sautillant et dansant lui-même. A dater de cette heure, il fut guéri. Eh bien, c’est de cette manière qu’il faut raconter. »

Maurice GARDIOL