Dans un monde où l’on jette allègrement l’enfant Jésus avec l’eau du bain, il est piquant de constater avec quelle vigueur les réseaux commentent non pas tant le bilan du Pape François, que l’élection de son successeur.
Évidemment, c’est la première élection papale dans le monde des réseaux. Et comme tout le monde a un avis sur tout – et sur les vacances de Céline Vara – il n’y a pas à s’étonner de lire tout et n’importe quoi.
C’est sans doute le film Habemus Papam et la série Conclave qui ont contribué à propulser le choix du pontife en sujet d’intrigue, en terrain de jeu pour complotistes, en arcane du monde politico-religieux. Dostoïevski, dans la « Fable du Grand Inquisiteur », ne faisait-il pas déjà du mystère la clé de l’emprise sur les esprits.
On relèvera encore que les conservateurs n’hésitent pas à propager le discours du Cardinal Robert Sarah, tandis que les progressistes n’ont – peut-être à raison – aucun nom à brandir. Comme s’il allait de soi que l’Eglise catholique soit attachée à ses principes anciens et que les progressistes avancent sous cape.
Mais la palme de ce remue-méninges revient au sémillant Donald Trump qui publie un portrait de pape à son effigie, donc à son image. Provocation évidente mais si révélatrice : ne signale-t-elle pas que le monde catholique est tenu – à tort ou à raison – pour l’archétype du réseau d’influence ?
Nous connaissons des catholiques sincères, ouverts, éclairés, fervents, fidèles, libres amis du Christ. Et nous faisons voeu que le prochain Pape leur ressemble.
Jean-Daniel Rousseil