Aimez-vous Vermeer ? Oui ? Grand bien vous fasse ! Les Nazis en raffolaient aussi ! Ils aimaient ces bains de lumière sur des scènes suspendues, cette explosion sensorielle contenue dans un carroyage silencieux, ils aimaient également les scènes bibliques !
C’est le propos de ce film à huis clos (celui d’un tribunal) qui romance l’histoire vraie d’un faussaire de génie. Han Van Meegeren avait littéralement incorporé le geste et la technique du fameux peintre d’intérieur hollandais et savait reproduire ses œuvres à la perfection.
Le voici traduit en justice pour avoir accepté des millions de Deutschemarks à Goering et ses pairs. Comme on ne peut pas vendre sans courtiser, il faut prouver qu’il a cédé sous la contrainte, que l’art est au-dessus des vicissitudes fussent-elles le Pangermanisme et la Shoah. Un brillant et bouillant avocat s’empare de sa cause et génialement, parvient à lui sauver la mise en démontrant que ses tableaux sont des faux, qu’il est le plus exceptionnel faussaire jamais connu. Les témoins se suivent à la barre et leurs témoignages assurent les rebondissements d’un film tendu comme un… Vermeer. Périple juridique dans un monde intérieur, descentes aux limbes du jugement humain. Le faussaire triomphe encore amèrement au terme de ce thriller immobile.
Victime du CoViD, ce film n’est guère passé dans les salles avant de prendre le chemin du petit écran. Et ce tournage « en chambre » aurait dû trouver un public inespéré chez les cinéphiles réduits à rester devant leur poste sous le coup des mesures de confinement : temps d’introspection, de réflexion sur la justice, sur son rôle historique et social. Sur la dictature, ses emblèmes et ses illusionnistes. Sur le mal.
JDRousseil
Le dernier Vermeer
Dan Friedkin – 2020
SonyPictures – à voir sur netflix, etc.